Le temps d'une pause, cheminer de la pause fantasmée à celle qui donne du sens

lundi 29 mai 2017


J'ai laissé le temps en suspens ici, avec tout le mouvement qui s'est installé subtilement dans ma vie, je ne parvenais plus à poser quelques mots, au calme. Plusieurs mois après avoir pris la décision difficile d'arrêter mon année de master recherche en cours, je ressens en cette chaude après-midi de mai, saturée de couleurs et de parfums d'été, l'envie de reprendre la plume et de partager ici avec vous.

Suite à mon arrêt, je vous avais parlé de ma quête de positif, de comment je cherchais pas à pas à cultiver une attitude de confiance et d'optimisme face à ce choix. J'avais peur des regrets, peur de "faire une bêtise". Finalement, j'avais peur de lâcher les rênes, j'avais peur de perdre le semblant de contrôle qu'il me semblait avoir sur ma vie et sur mon chemin. Cette peur du changement, de l'inconnu qui vous tenaille et vous fait rester dans quelque chose qui ne vous convient pas sous prétexte que, au moins, là où vous êtes, vous connaissez. Après deux licences entrecoupées d'une année en Angleterre, en m'autorisant à faire autrement, j'avais l'impression d'être à contre-courant. Une partie de moi ne comprenait pas pourquoi je ne parvenais pas à me sentir bien dans une route qui semblait pourtant être la norme : continuer ses études, coûte que coûte et s'avancer vers le travail. Depuis, j'ai appris les nombreux chemins empruntés par beaucoup et je laisse peu à peu tomber cette image d’Épinal qui veut que nous sachions tout, tout de suite. Exactement. Sans détour. 
"Être active plus que tout", le fantasme de la pause 
Une fois la décision prise, finalement c'est là que le défi a commencé. J'avais tellement peur de perdre mon temps, tout ce temps qui m'était maintenant offert, que mon premier réflexe a été : être active. Être dans l'action, tout de suite, toujours. Je voulais remplir mes journées, être partout à la fois. Combler les temps morts en quelques sortes, pour ne pas me retrouver face au vide et face aux questions sur l'après. Face au vertige provoqué par cette décision encore toute fraîche et par toutes les possibilités indécises qui se profilaient. Je voulais absolument que d'ici à quelques mois, la réflexion soit terminée et que je sache ce que je voulais pour mon avenir et plus empiriquement, pour la rentrée prochaine. 

Je crois qu'avec le recul, je voulais expérimenter une pause fantasmée. Celle où j'aurais rempli ma journée de tâches utiles et enrichissantes, où j'aurais enfin pris le temps de faire des choses auxquelles je ne me consacrais pas assez (lectures, cuisine, écriture, cinéma.... entre autres). Je me suis dit, je vais être différente. En réalité, ce n'est pas parce que nous prenons une décision importante et un peu bouleversante que nous changeons aussi sec notre fonctionnement. 

Quelle déception j'ai ressenti de retrouver ma tendance à la procrastination, par exemple. Ma tendance aux doutes. Je crois que j'espérais me réveiller au lendemain de cette décision sans précédent dans cette version améliorée de moi-même que j'espère toujours atteindre.

Evidemment, il a fallu faire tomber tout ça. Tout le chemin de cette pause aura davantage été, et est encore, un défi à moi-même, à ce moi qui désespère parfois de ne pas être autrement, une occasion d'apprendre à m'accepter avec mon fonctionnement, ses forces (que je juge si souvent faibles) et ses fragilités.
L'éloge de la lenteur
Pour être tout à fait honnête avec vous, je dois dire que le premier mois après ma décision d'arrêter mon master est passé à une vitesse folle. Et dans une espèce de flou. De vertige, en quelques sortes. J'avais comme l'impression d'être en hibernation. Je n'avançais pas beaucoup dans mes réflexions mais je ne me sentais pas non plus submergée d'émotions. Ca a été comme une période d'incubation, je me dis avec le recul. Celle où je réalisais que je n'étais plus vraiment étudiante, "en activité" justement.

Puis je me suis un peu bousculée pour trouver un travail, au mois de mars. Les impératifs financiers m'ont mis une légère pression et c'est ce qui m'a poussée à passer le pas. A me lancer dans les lettres de motivation et les CV. A sortir de mon hibernation.

Je travaille dans la libraire d'un musée. Il s'agit d'un travail modeste, où sans pression, je prends le temps de m'acclimater à nouveau au monde du travail, où je savoure de ne plus être l'éternelle étudiante jugée toute les semaines sur son travail, sur son intellect. Sur mon chemin, j'ai rencontré des collègues généreux dans le partage de leurs expériences, de leur vie et je me nourris de tous ces rapports humains. Je prends le temps d'écouter, d'apprendre de personnes au parcours et aux vies différentes. Et je sens que jour après jour, gramme par gramme, je m'enrichis.

Tout ce partage, c'est ce qui fait que je me sens sortir de ma coquille un peu percluse d'a priori sur la vie, sur les parcours. J'essaie d'avoir moins peur de l'erreur, de doucement remplacer ce mot dur et froid par celui d'expérience. Je me mets moins la pression vis a vis de cette notion "d'être active". Je veux davantage me laisser vivre et croire que le changement, c'est une rivière souterraine. A la surface tout semble identique, mais en profondeur, un mouvement est bien présent, il charrie des émotions et enrichit le terreau.

L'orage passe toujours
Ce mouvement interne, cette rivière souterraine dont je n'avais pas conscience de la force, se sont finalement manifestés à moi. Les questions sur ce que je voulais faire à la rentrée prochaine se sont élargies sur le sens que je veux donner à ma vie. Sur ce que j'estime important, sur ce ce qui constitue l'essentiel pour moi. Et tout ça ne s'est pas toujours fait posément. De nature anxieuse, tous ces questionnements ont occasionné beaucoup de stress ces derniers temps.

Mon esprit est devenu tempête et les questions se sont bousculées face à la l'échéance que je m'étais fixée : avoir ma réponse avant l'été. Savoir ce que je voulais faire, où j'allais être pour les années venir. Finalement, il m'a fallu être honnête avec moi-même, je ne savais pas exactement.

J'ai dégrossi les choses en en parlant autour de moi, avec sincérité. Cela m'a permis de faire le point sur ce qui pouvait me traverser l'esprit. Et un chemin qui était en réalité en germe depuis quelques mois est apparu. J'avais tellement stressé à me poser des questions à tort et à travers que je n'avais comme plus l'énergie pour compliquer les choses. Je me suis simplement ouverte à cette possibilité une fois le calme revenu. J'ai vu cela comme un choix du cœur. Je me suis détendue.

Je crois qu'avec le recul, il me faut accepter ce fonctionnement où tout s'emballe assez vite, où je vis les choses intensément. Apprendre à l'appréhender pour être bien avec, pour mieux le vivre, pour canaliser toute ces énergies émotionnelles. Savoir me détendre pour profiter de ce qui est et accepté que je ne peux pas tout maîtriser. Accepter que l'eau ne s'éclaircit que si on la laisse tranquille, le temps que la vase se dépose au fond pour laisser le reste limpide.

Ça va paraître bateau, mais une pause signifie se laisser le temps et avoir confiance en le fait que oui, les choses vont s'éclaircir, vont cheminer. Et je crois qu'elle le font d'autant mieux quand cette confiance est suffisamment cultivée pour nous donner la force de ne pas générer de pessimisme à notre égard.

Pour cela, il m'a fallu renforcer cette fameuse bienveillance envers moi-même et reprendre certaines pistes dont je vous parlais ici. Et être patiente, car le calme revient toujours après le tempête mais il faut se laisser le temps.

 
J'aurai l'occasion dans de futurs articles de vous parler de ce que je mets doucement en place pour mieux gérer mon émotionnel, pour le vivre pleinement en évitant que la tempête ne fasse rage. Peut-être simplement que mon petit cheminement à tâtons parlera à certains d'entre vous.

Ici je voulais simplement, sans prétention, vous faire un petit compte-rendu de ces derniers mois, de ces mois où j'ai essayé de cultiver le positif et d'élargir mon horizon. Où j'ai essayé de me donner de l'espace pour avoir l'esprit plus disponible et ouvert aux différents choix justement qui se présenteraient à moi.

Et revenir sur cette notion de pause qui, je pense, doit nous devenir personnelle, petit à petit, et non pas nous enfermer encore dans des attentes ou nous confronter, comme trop souvent, à des modèles.


Et vous, avez-vous déjà expérimenter ce choix de faire une pause ? 
Vous faîtes-vous confiance autant que vous le voudriez ? 







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