A l'aube des choix, cultiver sa confiance

vendredi 3 février 2017


J'ai osé, je me suis lancée. J'ai osé faire une pause dans mes études pour laisser le temps du recul. Après deux licences entrecoupées d'une année à enseigner le français en Angleterre et alors que je me suis lancée dans un master recherche en septembre, aujourd'hui j'ai ce besoin de savoir où je vais. J'ai besoin d'attraper de la perspective pour donner du sens. Apprivoiser réellement mes aspirations professionnelles pour redonner du sens à mes études, ne plus simplement être diplômée pour être diplômée, ne plus seulement faire ce master parce que c'est la logique, parce que je me suis convaincue qu'il fallait bien un master. J'ai conscience de ce discours sur la valeur des diplômes, notamment sur celui du master, de son pouvoir en terme d'assise des compétences et de valorisation même s'il ne mène pas toujours à un emploi précis et sûr. Et je sais qu'il y a du vrai dans ces mots. Faire un master en soi n'est d'ailleurs pas le problème. 

Mais faire pour faire, sans savoir pourquoi, pour quelles raisons, ça ne s'est soudainement plus révélé suffisant. Sensation de dériver comme une barque au milieu de l'océan. Impression de perdre mon temps. Frustration. Mécontentement et déception vis à vis de moi-même, de mes rendus qui trahissent mon manque d'intérêt et de mon attitude bien grise. Alors ce pas de côté, pour moi c'est une nouvelle version du "reculer pour mieux sauter". 

Souvent, j'ai l'impression que l'on partage ses choix au plus large bien après les avoir faits, avec du recul justement. On parle des choix importants une fois que l'on est en mesure d'analyser leurs conséquences sur le moyen-long terme, les résultats. On effectue une rétrospective, on rebrousse le parcours pour en parler avec distance. Et c'est vrai que c'est ce qui enrichit celui qui lit, celui qui écoute. Le partage et la lumière de l'expérience. Mais je trouve que parfois, parler depuis le dedans, et pas uniquement depuis l'après, c'est également important. Parce que ce qu'on vit au quotidien, c'est le dedans. Alors le partager, s'autoriser à en parler, à parler des doutes et des moments de lumière, c'est comme se serrer les coudes, c'est comme se dire que l'on a le droit de traverser des turbulences. Même si le choix a été le nôtre et même si ce qu'on veut au fond, c'est l'assumer pleinement. 

Alors j'esquisse quelques mots ici.
Quelques semaines après avoir pris ma décision , ce matin, j'ai le cœur lourd du choix. J'ai cette peur, cet instinct étranger que l'on m'a comme infusé à l'intérieur, cet instinct qui me dit que je me suis trompée. A travers les discussions et les échanges, en expliquant mon choix finalement peu conventionnel, je suis comme devenue le réceptacle des peurs des autres. On me tient des discours, pour mon bien évidemment - et je suis effectivement persuadée de cette motivation profonde - et je suis comme inondée des informations des autres. Et la note que je tiens finit par changer de ton à leur écoute. Elle oscille et je me désaccorde. 

Est-ce qu'on peut avoir le droit de choisir sans être sûr, sur une intuition et sur une simple croyance ? Celle que l'on fait le bon choix. Parce que j'ai l'impression qu'il faut si souvent être pragmatique, savoir, être sûr, se projeter. Se tromper mais quand même, y avoir pensé, avoir préparé le coup. Il y a quelques semaines, quelques jours, hier, j'ai fait un choix. Je voudrais qu'on me laisse le temps de l'assumer et de faire corps avec. Je voudrais qu'on me laisse respirer. 

Et, finalement, je comprends petit à petit que cette logique n'est pas la bonne. C'est à moi de me laisser respirer, en me donnant un espace plus grand que celui que je laisse aux avis des autres dans mon esprit. En me faisant confiance.

Et je crois que c'est tout le défi que l'on se lance au fur et à mesure que l'on apprend à faire des choix, des petits d'abord et puis soudain des grands et puis de nouveau des petits. Se faire confiance. Savoir être à l'écoute, savoir entendre les conseils et les avis sans en trembler à chaque fois. S'enrichir de l'expérience et de la vision de l'autre sans tout chambouler d'un coup d'un seul, sans se persuader que l'autre sait mieux, qu'on aurait dû faire comme ça, qu'il a forcément raison et que l'on a forcément tort. Je n'ai pas encore tous les ingrédients de la recette mais je m'y emploie. J'essaie de transformer chaque petit tremblement en une expérience, en un exercice. 
Quelques ingrédients de réflexion...


Cultiver le positif
Se faire confiance, c'est une vaste notion, c'est une grande tâche. C'est surtout un apprentissage au quotidien. Un petit à petit, un pas après pas. 

Ici, quand le cœur est lourd et que j'ai l'esprit rempli de l'angoisse qu' a pu provoquer une discussion qui m'a poussée à me remettre en question un peu violemment, ou un coup de stress venu de l'intérieur, j'essaie d'abord de laisser passer l'émotion perturbatrice, de la ressentir physiquement plutôt que d'écouter les discours négatifs qu'elle peut me tenir puis de la laisser couler de ma tête jusqu'à mes pieds, pour qu'elle s'en aille. C'est comme une (très) modeste pratique méditative. Mais ça permet de faire le vide et prendre du recul par rapport à ce qui a pu s'échanger et par rapport à mes doutes agités. Ce n'est pas encore tout à fait un réflexe, du moins pas un réflexe immédiat, mais j'y viens de plus en plus et je ne peux que reconnaître les bien faits de cette pratique tirée de mes lectures sur la méditation. 

Se rasséréner également, pour le moment ça passe par me dire que j'ai confiance. Comme une méthode Coué, sans la rigidité numérique de celle-ci. Je me le dis à plusieurs reprises et j'essaie de me gonfler de ces paroles. L'exercice est tellement simple et basique qu'il me fait parfois un peu sourire mais au fond je sens que ça m'aide timidement à cultiver cette confiance. C'est un début. C'est également apprendre à être optimiste oui, apprendre à y croire. Apprendre à croire en soi. 
Savoir s'ouvrir à l'autre sereinement
Il s'agit aussi peut-être de ne pas redouter l'autre, de ne pas diaboliser sa parole, ne pas songer immédiatement que parce qu'il est en désaccord, ou émet un point de vue divergent, ses mots sont contre nous. Se laisser l'espace et le temps de décanter ce qui nous a été dit, pour faire l'expérience de l'enrichissement. Pour voir comment ce qui a été entendu peut enrichir notre propre réflexion et finalement consolider autrement notre choix.

Et ne pas oublier que partager avec l'autre, dire ce que l'on pense, c'est comme autant d'occasions d'affirmer son choix, de l'affirmer aussi auprès de soi et de cette petite voix qui veut toujours gâcher la fête. 
Le choix : vers l'expérience plutôt que vers le résultat
Et peut-être qu'il s'agit de désacraliser le choix en le libérant du poids du résultat, ne pas lui faire tomber dessus toute la pression des adjectifs bon ou mauvais. A nous de voir que chaque choix est une porte ouverte vers une expérience, à nous de saisir, petit à petit, tout le potentiel enrichissant de cette dernière, de le cultiver. De lui laisser la chance de nous apprendre quelque chose, sur le monde, les autres et sur nous-même. Je crois que c'est une des meilleures façons, pour moi, de ne pas avoir peur de l'avenir et de cultiver ma confiance. Après tout, l'aube, ce n'est que le début de la course du soleil. 

Et vous, comment cultivez-vous votre confiance ? En vos choix, en la vie aussi ? 
Est-ce que ce type de choix vous parle : oser faire un pas de côté, oser faire une pause pour regagner de la perspective ? 

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