Le temps d'une pause, cheminer de la pause fantasmée à celle qui donne du sens

lundi 29 mai 2017


J'ai laissé le temps en suspens ici, avec tout le mouvement qui s'est installé subtilement dans ma vie, je ne parvenais plus à poser quelques mots, au calme. Plusieurs mois après avoir pris la décision difficile d'arrêter mon année de master recherche en cours, je ressens en cette chaude après-midi de mai, saturée de couleurs et de parfums d'été, l'envie de reprendre la plume et de partager ici avec vous.

Suite à mon arrêt, je vous avais parlé de ma quête de positif, de comment je cherchais pas à pas à cultiver une attitude de confiance et d'optimisme face à ce choix. J'avais peur des regrets, peur de "faire une bêtise". Finalement, j'avais peur de lâcher les rênes, j'avais peur de perdre le semblant de contrôle qu'il me semblait avoir sur ma vie et sur mon chemin. Cette peur du changement, de l'inconnu qui vous tenaille et vous fait rester dans quelque chose qui ne vous convient pas sous prétexte que, au moins, là où vous êtes, vous connaissez. Après deux licences entrecoupées d'une année en Angleterre, en m'autorisant à faire autrement, j'avais l'impression d'être à contre-courant. Une partie de moi ne comprenait pas pourquoi je ne parvenais pas à me sentir bien dans une route qui semblait pourtant être la norme : continuer ses études, coûte que coûte et s'avancer vers le travail. Depuis, j'ai appris les nombreux chemins empruntés par beaucoup et je laisse peu à peu tomber cette image d’Épinal qui veut que nous sachions tout, tout de suite. Exactement. Sans détour. 
"Être active plus que tout", le fantasme de la pause 
Une fois la décision prise, finalement c'est là que le défi a commencé. J'avais tellement peur de perdre mon temps, tout ce temps qui m'était maintenant offert, que mon premier réflexe a été : être active. Être dans l'action, tout de suite, toujours. Je voulais remplir mes journées, être partout à la fois. Combler les temps morts en quelques sortes, pour ne pas me retrouver face au vide et face aux questions sur l'après. Face au vertige provoqué par cette décision encore toute fraîche et par toutes les possibilités indécises qui se profilaient. Je voulais absolument que d'ici à quelques mois, la réflexion soit terminée et que je sache ce que je voulais pour mon avenir et plus empiriquement, pour la rentrée prochaine. 

Je crois qu'avec le recul, je voulais expérimenter une pause fantasmée. Celle où j'aurais rempli ma journée de tâches utiles et enrichissantes, où j'aurais enfin pris le temps de faire des choses auxquelles je ne me consacrais pas assez (lectures, cuisine, écriture, cinéma.... entre autres). Je me suis dit, je vais être différente. En réalité, ce n'est pas parce que nous prenons une décision importante et un peu bouleversante que nous changeons aussi sec notre fonctionnement. 

Quelle déception j'ai ressenti de retrouver ma tendance à la procrastination, par exemple. Ma tendance aux doutes. Je crois que j'espérais me réveiller au lendemain de cette décision sans précédent dans cette version améliorée de moi-même que j'espère toujours atteindre.

Evidemment, il a fallu faire tomber tout ça. Tout le chemin de cette pause aura davantage été, et est encore, un défi à moi-même, à ce moi qui désespère parfois de ne pas être autrement, une occasion d'apprendre à m'accepter avec mon fonctionnement, ses forces (que je juge si souvent faibles) et ses fragilités.
L'éloge de la lenteur
Pour être tout à fait honnête avec vous, je dois dire que le premier mois après ma décision d'arrêter mon master est passé à une vitesse folle. Et dans une espèce de flou. De vertige, en quelques sortes. J'avais comme l'impression d'être en hibernation. Je n'avançais pas beaucoup dans mes réflexions mais je ne me sentais pas non plus submergée d'émotions. Ca a été comme une période d'incubation, je me dis avec le recul. Celle où je réalisais que je n'étais plus vraiment étudiante, "en activité" justement.

Puis je me suis un peu bousculée pour trouver un travail, au mois de mars. Les impératifs financiers m'ont mis une légère pression et c'est ce qui m'a poussée à passer le pas. A me lancer dans les lettres de motivation et les CV. A sortir de mon hibernation.

Je travaille dans la libraire d'un musée. Il s'agit d'un travail modeste, où sans pression, je prends le temps de m'acclimater à nouveau au monde du travail, où je savoure de ne plus être l'éternelle étudiante jugée toute les semaines sur son travail, sur son intellect. Sur mon chemin, j'ai rencontré des collègues généreux dans le partage de leurs expériences, de leur vie et je me nourris de tous ces rapports humains. Je prends le temps d'écouter, d'apprendre de personnes au parcours et aux vies différentes. Et je sens que jour après jour, gramme par gramme, je m'enrichis.

Tout ce partage, c'est ce qui fait que je me sens sortir de ma coquille un peu percluse d'a priori sur la vie, sur les parcours. J'essaie d'avoir moins peur de l'erreur, de doucement remplacer ce mot dur et froid par celui d'expérience. Je me mets moins la pression vis a vis de cette notion "d'être active". Je veux davantage me laisser vivre et croire que le changement, c'est une rivière souterraine. A la surface tout semble identique, mais en profondeur, un mouvement est bien présent, il charrie des émotions et enrichit le terreau.

L'orage passe toujours
Ce mouvement interne, cette rivière souterraine dont je n'avais pas conscience de la force, se sont finalement manifestés à moi. Les questions sur ce que je voulais faire à la rentrée prochaine se sont élargies sur le sens que je veux donner à ma vie. Sur ce que j'estime important, sur ce ce qui constitue l'essentiel pour moi. Et tout ça ne s'est pas toujours fait posément. De nature anxieuse, tous ces questionnements ont occasionné beaucoup de stress ces derniers temps.

Mon esprit est devenu tempête et les questions se sont bousculées face à la l'échéance que je m'étais fixée : avoir ma réponse avant l'été. Savoir ce que je voulais faire, où j'allais être pour les années venir. Finalement, il m'a fallu être honnête avec moi-même, je ne savais pas exactement.

J'ai dégrossi les choses en en parlant autour de moi, avec sincérité. Cela m'a permis de faire le point sur ce qui pouvait me traverser l'esprit. Et un chemin qui était en réalité en germe depuis quelques mois est apparu. J'avais tellement stressé à me poser des questions à tort et à travers que je n'avais comme plus l'énergie pour compliquer les choses. Je me suis simplement ouverte à cette possibilité une fois le calme revenu. J'ai vu cela comme un choix du cœur. Je me suis détendue.

Je crois qu'avec le recul, il me faut accepter ce fonctionnement où tout s'emballe assez vite, où je vis les choses intensément. Apprendre à l'appréhender pour être bien avec, pour mieux le vivre, pour canaliser toute ces énergies émotionnelles. Savoir me détendre pour profiter de ce qui est et accepté que je ne peux pas tout maîtriser. Accepter que l'eau ne s'éclaircit que si on la laisse tranquille, le temps que la vase se dépose au fond pour laisser le reste limpide.

Ça va paraître bateau, mais une pause signifie se laisser le temps et avoir confiance en le fait que oui, les choses vont s'éclaircir, vont cheminer. Et je crois qu'elle le font d'autant mieux quand cette confiance est suffisamment cultivée pour nous donner la force de ne pas générer de pessimisme à notre égard.

Pour cela, il m'a fallu renforcer cette fameuse bienveillance envers moi-même et reprendre certaines pistes dont je vous parlais ici. Et être patiente, car le calme revient toujours après le tempête mais il faut se laisser le temps.

 
J'aurai l'occasion dans de futurs articles de vous parler de ce que je mets doucement en place pour mieux gérer mon émotionnel, pour le vivre pleinement en évitant que la tempête ne fasse rage. Peut-être simplement que mon petit cheminement à tâtons parlera à certains d'entre vous.

Ici je voulais simplement, sans prétention, vous faire un petit compte-rendu de ces derniers mois, de ces mois où j'ai essayé de cultiver le positif et d'élargir mon horizon. Où j'ai essayé de me donner de l'espace pour avoir l'esprit plus disponible et ouvert aux différents choix justement qui se présenteraient à moi.

Et revenir sur cette notion de pause qui, je pense, doit nous devenir personnelle, petit à petit, et non pas nous enfermer encore dans des attentes ou nous confronter, comme trop souvent, à des modèles.


Et vous, avez-vous déjà expérimenter ce choix de faire une pause ? 
Vous faîtes-vous confiance autant que vous le voudriez ? 







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Cinéma #1 | Premier contact - Quand la science-fiction prend tout son sens

jeudi 9 février 2017



Samedi soir, le nez enfoui dans mon écharpe, l'envie de voir un film en grand, je me suis laissée convaincre par le film Premier Contact. Cela faisait très longtemps que je n'étais pas allée voir un film de science-fiction au cinéma, le genre n'étant pas celui que je préfère de manière générale. Et puis ces dernières années, une majorité des films de science-fiction centrés sur le thème de l'invasion extraterrestre n'ont malheureusement pas fait dans la subtilité et ont, pour ma part, beaucoup sacrifié le fond au profit d'une forme assez excessive et surtout trop générique. 

Premier contact vient de me réconcilier avec le genre. Profondeur et éblouissement, infiniment grand et infiniment intime, les yeux qui brillent et le cœur qui enfle et enfle. Un très beau film. Je vous en parle aujourd'hui... 

RESUME 

Lorsque de mystérieux vaisseaux venus du fond de l’espace surgissent un peu partout sur Terre, une équipe d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions. 

Face à l’énigme que constituent leur présence et leurs messages mystérieux, les réactions dans le monde sont extrêmes et l’humanité se retrouve bientôt au bord d’une guerre absolue. Louise Banks et son équipe n’ont que très peu de temps pour trouver des réponses. Pour les obtenir, la jeune femme va prendre un risque qui pourrait non seulement lui coûter la vie, mais détruire le genre humain




Je dois dire qu'en entrant dans la salle, après lecture du synopsis, je ne m'attendais à rien de particulier, je sentais le scénario venir, je me préparais aux scènes d'action musclées. Finalement, je me suis retrouvée saisie sur mon siège, par la beauté esthétique du film, par le jeu d'Amy Adams et surtout par l'intelligence du scénario, sa sensibilité et la volonté évidente du réalisateur de transcender le genre. 

Ce qui frappe dès les premières secondes, je vous le disais, c'est l'esthétique, la beauté des scènes, des couleurs. Le soin apporté à l'atmosphère. C'est un film d'action mais c'est surtout un film d'ambiance où tout passe par la tension, le flottement. Par un suspens pur et sans artifice qui tient tout entier à la capacité de l'héroïne de traduire en un temps réduit ce que cherche à leur dire les extraterrestres. Il s'agit d'une action dépouillée, sans violence, une action purement intellectuelle. Et c'est passionnant. 


Le pouvoir de la langue sur les idées
On entre dans le monde de la linguistique, à un niveau largement vulgarisé bien sûr mais qui reste intéressant. Le lien entre langue et culture, comment notre langue peut façonner notre façon de penser. Comment la langue, par les choix qui la structurent, nous structure également et nous conditionne à la pensée d'une société. Comprendre d'autres langues, devient alors un moyen de s'intéresser à d'autres modes de pensées et à d'autres schémas. 

J'ai d'ailleurs fait le lien avec le livre Le silence de mon père, dont je vous parlais la semaine dernière ici. L'auteure, Doan Bui, revient en effet sur ce phénomène. Elle explique notamment comment l'absence du pronom "je" en vietnamien avait pu tendre à effacer le droit à l'individualisme au sein de se cellule familiale. 

La communication contre la peur 
Au fond, c'est donc un film sur la communication. La capacité à émettre et à recevoir. A écouter et à se faire entendre. Car si Louise Banks cherche à communiquer avec les extraterrestre, les humains cherchent également à communiquer entre eux. Les différents pays ayant reçu les 12 vaisseaux commencent par coopérer puis, au fur et à mesure que le temps passe et que les questions demeurent non résolues, la peur s'installe et les relations internationales se dégradent, jusqu'à mener le monde au bord d'une troisième guerre mondiale. 

Comment ne pas mettre ce développement en miroir avec ce que nous pouvons vivre en ce moment. Je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec la crise des migrants, en ne communiquant pas face aux changements et "aux étrangers", nous amplifions notre réflexe de peur et cela nous emmure et nous empêche de mieux chercher à connaître l'autre. 

Qu'est-ce qu'être humain ?
C'est également un film sur l'humanité, sur cette reconnaissance ultime. Les extraterrestres ont-ils une part d'humanité en eux qui ferait que l'on pourrait s'entendre et les accepter ? Il y a cette scène dans le film où les chercheurs pénètrent le vaisseau vêtus d'une combinaison orange informe qui transforme leur silhouette et les rend méconnaissables. Ils ne ressemblent alors plus à des êtres humains mais à des être oranges et biscornus, étranges et étrangers. Le face à face se fait alors entre les chercheurs et les extraterrestre et au fond, sous leurs apparences difformes, lesquels sont dotés d'une humanité ? Qu'est-ce qu'être humain ? Ne pouvons-nous pas, nous-mêmes, passer de l'autre côté de la barrière, du côté des extraterrestres, des a priori dénués d'humanité ? Quelle est la limite qui nous assure de notre humanité ? Quels en sont les contours ? Le film explore là différentes pistes au travers de différentes péripéties que je vous laisse découvrir...

La vie : un cheminement plus qu'un résultat
Il est difficile de parler d'un des thèmes essentiels de Premier contact, auquel sont consacrées les dernières très belles  minutes du film, sans dévoiler une des clés de l'énigme. Je ne veux pas vous gâcher la surprise donc je ne glisserai que quelques mots ici sur la véritable ode au choix contre la fatalité qu'esquisse le réalisateur Denis Villeneuve. Peut-on choisir une voie, tout en connaissant l'issue, sans la concevoir comme une fatalité ? Pouvons-nous croire que le cheminement compte plus que le résultat ? Que le moment présent est le cœur de tout, au-delà des projections et de l'imposant futur ? Un dilemme auquel sera confronté le personnage principal et qui m'a laissée toute chose à la fin de la séance. J'esquissais justement quelques éléments de réflexion ici la semaine dernière sur ce questionnement choix/résultat qui me semble central dans la vie. 

Pour finir, je ne peux que revenir sur l'ingéniosité du scénario qui fait basculer d'un coup d'un seul l'énigme. Un coup de théâtre assez habilement amené qui modifie également notre compréhension du personnage de Louise Banks. Je ne l'avais personnellement pas du tout vu venir et il faut dire que c'est assez grisant de se faire autant prendre au dépourvu en tant que spectateur. Cette nouvelle vision de la linguiste est ensuite poétiquement explorée sur les dernières minutes du film qui finissent de donner au personnage toute sa couleur et sa complexité.  
Certaines critiques négatives pourraient cependant être faites au film. Notamment sur la clé finale de l'énigme qui n'est pas donnée. On ne saura finalement que bien partiellement la raison de la venue de ces extraterrestres sur Terre. 

J'ai également trouvé certaines ellipses trop importantes, notamment concernant la construction du processus linguistique menant à l'éventuelle compréhension de leur langue. 

Enfin, on peut regretter que Denis Villeneuve ait fait le choix de sous-exploiter certains personnages secondaires pour ne laisser la part belle qu'à Louise Banks, incarnée par la très douée Amy Adams. C'est un choix qui se respecte, qui laisse planer un peu de mystère mais qui se révèle également frustrant, semblant amputer le film de certains potentiels. 
Je finis ici cette critique, en espérant qu'elle vous aura donnée envie de découvrir ce film. Je ne peux qu'ardemment vous inviter à le retrouver en salle. Un film qui par le prisme de la science-fiction nous fait réfléchir sur notre humanité et le sens que l'on veut lui donner. 

Avez-vous pu voir ce film ? Qu'en avez-vous pensé ?
Et quelles sont vos attentes en générale vis à vis de la science-fiction ?

Le film est sorti le 7 décembre mais il est encore à l'affiche de certains cinémas, profitez-en. 
Images : Copyright 2016 Sony Pictures Releasing GmbH


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Chouchouter un ventre irritable | Le brownie à la patate douce et au sirop d'érable {vegan et sans gluten}

mardi 7 février 2017

Depuis un peu plus d'un an, j'ai fait le choix de modifier et adapter mon régime alimentaire pour être davantage à l'écoute de mon ventre. Cela faisait déjà quelques années que mon ventre me menait la vie dure et je n'avais jamais vraiment pris soin d'essayer de comprendre pourquoi, pensant que tout ça venait principalement du stress. Et puis il y a un an et demi, la situation devenant vraiment trop inconfortable au quotidien, je me suis dit qu'il était peut-être temps de prêter une oreille un peu plus attentive à ce ventre trop souvent douloureux. 



Le but ici n'est pas de rentrer dans tous les détails, ni de vous exposer de long en large la situation et puis je ne suis pas du tout une experte mais je me souviens de mes quelques déconvenues, de la difficulté de comprendre et de me faire comprendre... Et je sais que c'est une condition de plus en plus répandue, du moins dont on prend de plus en plus conscience, alors quelques lignes ici sur ma quête d'harmonie au quotidien avec ce fameux syndrome du colon irritable ou "colopathie fonctionnelle" et une recette toute douce et gourmande pour se faire plaisir tout en se respectant, ça m'a semblé être de bonnes idées à partager.
Face à ce ventre sens cesse douloureux et incommodant, j'ai commencé par emprunter la voie médicale traditionnelle et après une batterie de tests et des échanges finalement peu enrichissants avec différents médecins, j'ai décidé de me renseigner aussi par moi-même pour comprendre ce ventre devenu inconfortable. J'étais finalement assez démunie et déçue, parce que les tests n'avaient démontré aucun problème sérieux, on me disait simplement de rentrer chez moi et de prendre des médicaments pour aider le transit et puis... bonne chance ! 

J'ai commencé par m'informer sur le système digestif, je vous conseille d'ailleurs ce très bon livre que vous connaissez peut-être, Le charme discret de l'intestin de Giulia Enders. Quelle merveille de découvrir plus en profondeur tout le fonctionnement ingénieux et méticuleux de notre ventre. Ça m'a fait sourire, me rappelant des souvenirs de SVT et encore plus donner envie d'en prendre soin. J'ai poursuivi mes recherches et cela m'a aidé à affiner ma vision et à mieux cerner les causes éventuelles de ces douleurs intestinales et de cet inconfort constant. 

Je ne dis bien sûr pas que cela remplace l'accompagnement médical, si vous trouvez un médecin sensible à ces questions, ça ne peut être qu'une très bonne chose mais dans tous les cas, se documenter est toujours positif. 

Et puis finalement, j'ai vraiment compris qu'une des clés de voûte, c'était l'alimentation. J'ai alors décidé de faire un test d'intolérances alimentaires pour cartographier ma situation et surtout, pour personnaliser ma démarche. Car nous sommes tous différents, notre organisme est en quelque sorte unique et lorsque des problèmes se posent, les solutions sont bien souvent propres à chacun. Il faut être le plus possible à l'écoute, et là encore, faire confiance à ses observations. 

Pour ma part, de façon urgente il fallait retirer le blanc d’œuf, la noisette, le gluten (et d'autres choses plus insoupçonnées comme la levure boulangère, les petits poids ou la tomate...) 
En tant que gourmande invétérée, j'ai vraiment eu beaucoup de mal à retirer en même temps le gluten et les œufs... J'ai laissé traîner la situation jusqu'à ce que ce soit vraiment trop douloureux. Mais nous sommes si habitués aux goûts de notre enfance, aux textures, toute une éducation gustative qu'il est difficile de changer du jour au lendemain. Il s'est vraiment avéré compliqué de renoncer et de ne pas flancher. 

Finalement, le secret pour moi ça a été de retirer les ingrédients problématiques petit à petit et de découvrir comment me faire plaisir autrement. J'ai décidé de me concentrer d'abord sur les œufs et le gluten. J'ai testé des produits jamais testés auparavant (bonjour quinoa, millet, farine de riz et de châtaigne, graines de chia...), appris de nouveaux goûts et j'ai alors tenté de voir ça comme un jeu. Tout un monde de saveurs à explorer !

Je ne parviens toujours pas à faire du 100% sans, c'est d'autant plus difficile quand je mange à l'extérieur, mais j'y viens doucement. Au bout du compte, il s'agit d'une nouvelle façon de développer la bienveillance envers soi-même. Ecouter son corps et faire la paix avec. 

Mais jamais, au grand jamais, renoncer au plaisir, à la joie des saveurs, à la gourmandise. Parce que manger c'est aussi ça, ce sont des moments de partage, des moments où l'on profite des bonnes choses. Je me constitue donc un carnet de recettes gourmandes adaptées, petit à petit. La dernière en date :  un excellent brownie, un vrai de vrai, sans gluten et vegan. A vos cuillères ;) 


C'est parti pour la recette ! 
J'ai lu beaucoup de recettes que j'ai ensuite essayé de m'approprier et d'adapter à mon régime et à mes envies. Notamment la très jolie recette de Victoria du blog Mango&Salt que j'ai trouvée très inspirante et sur laquelle repose en partie la mienne. 

Fondant et croustillant, intensité du chocolat, soupçon de cacahuète et caractère du sirop d'érable sont donc au rendez-vous. 

J'espère que cette recette vous plaira et ravira vos papilles ! 

Ingrédients 
250g de patate douce cuite (prévoir environ 500 gramme de patate douce crue) (j'ai également pu essayer avec des morceaux de patates douces congelés de chez Picard, tellement pratique et rapide. Et ça reste très bon!)
150g de chocolat noir en tablette (50% ou 75% en fonction des goûts)
30g de cacao en poudre
- 70g d'huile de coco
-1 cc d'extrait de vanille
- 40g de sucre de canne complet (muscovado)
- 2 cs de sirop d'érable 
- 70g de farine de riz demi-complet (plus riche en fibres que celle de riz blanc, je la trouve plus intéressante mais n'importe qu'elle farine conviendra) 
30g de fécule de maïs 
- 30g de cerneaux de noix (facultatif)
1 cc de purée de cacahuète (facultatif)
1 pincée de sel 

Réalisation 

1. Préchauffer le four à 200°.

2. Faire cuire vos patates douces, si possible à la vapeur pour qu'elles ne se gorgent pas trop d'eau.
Si vous utilisez des congelées, simplement suivre les indications du paquet (à titre d'exemple, je les avais cuites à la casserole). 
Il faut qu'elles soient bien cuites pour pouvoir être facilement transformées en purée.
Une fois cuites, les passer au mixer ou les écraser à la fourchette. 

3. Au bain marie, faire fondre ensemble le chocolat en tablette, le cacao en poudre, le sucre et l'huile de coco. 

4. Dans un saladier, mélanger la purée de patates douces et le chocolat fondu. 

5. Ajouter la farine et la fécule de maïs, bien mélanger.

6. Ajouter le sirop d'érable, la vanille, les cerneaux de noix, la purée de cacahuète et le sel. Mélanger jusqu'à obtenir une pâte légèrement mousseuse et collante. 

7. Verser l'appareil dans un plat huilé et enfourner au four 20 à 25 minutes. 

Laissez refroidir, à déguster tiède ou froid. Il est délicieux ainsi servi mais personnellement, j'adore faire le brownie quelques heures avant ou encore mieux la veille, je trouve que le goût est plus intense et que le mélange des saveurs est encore plus harmonieux. 
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A l'aube des choix, cultiver sa confiance

vendredi 3 février 2017


J'ai osé, je me suis lancée. J'ai osé faire une pause dans mes études pour laisser le temps du recul. Après deux licences entrecoupées d'une année à enseigner le français en Angleterre et alors que je me suis lancée dans un master recherche en septembre, aujourd'hui j'ai ce besoin de savoir où je vais. J'ai besoin d'attraper de la perspective pour donner du sens. Apprivoiser réellement mes aspirations professionnelles pour redonner du sens à mes études, ne plus simplement être diplômée pour être diplômée, ne plus seulement faire ce master parce que c'est la logique, parce que je me suis convaincue qu'il fallait bien un master. J'ai conscience de ce discours sur la valeur des diplômes, notamment sur celui du master, de son pouvoir en terme d'assise des compétences et de valorisation même s'il ne mène pas toujours à un emploi précis et sûr. Et je sais qu'il y a du vrai dans ces mots. Faire un master en soi n'est d'ailleurs pas le problème. 

Mais faire pour faire, sans savoir pourquoi, pour quelles raisons, ça ne s'est soudainement plus révélé suffisant. Sensation de dériver comme une barque au milieu de l'océan. Impression de perdre mon temps. Frustration. Mécontentement et déception vis à vis de moi-même, de mes rendus qui trahissent mon manque d'intérêt et de mon attitude bien grise. Alors ce pas de côté, pour moi c'est une nouvelle version du "reculer pour mieux sauter". 

Souvent, j'ai l'impression que l'on partage ses choix au plus large bien après les avoir faits, avec du recul justement. On parle des choix importants une fois que l'on est en mesure d'analyser leurs conséquences sur le moyen-long terme, les résultats. On effectue une rétrospective, on rebrousse le parcours pour en parler avec distance. Et c'est vrai que c'est ce qui enrichit celui qui lit, celui qui écoute. Le partage et la lumière de l'expérience. Mais je trouve que parfois, parler depuis le dedans, et pas uniquement depuis l'après, c'est également important. Parce que ce qu'on vit au quotidien, c'est le dedans. Alors le partager, s'autoriser à en parler, à parler des doutes et des moments de lumière, c'est comme se serrer les coudes, c'est comme se dire que l'on a le droit de traverser des turbulences. Même si le choix a été le nôtre et même si ce qu'on veut au fond, c'est l'assumer pleinement. 

Alors j'esquisse quelques mots ici.
Quelques semaines après avoir pris ma décision , ce matin, j'ai le cœur lourd du choix. J'ai cette peur, cet instinct étranger que l'on m'a comme infusé à l'intérieur, cet instinct qui me dit que je me suis trompée. A travers les discussions et les échanges, en expliquant mon choix finalement peu conventionnel, je suis comme devenue le réceptacle des peurs des autres. On me tient des discours, pour mon bien évidemment - et je suis effectivement persuadée de cette motivation profonde - et je suis comme inondée des informations des autres. Et la note que je tiens finit par changer de ton à leur écoute. Elle oscille et je me désaccorde. 

Est-ce qu'on peut avoir le droit de choisir sans être sûr, sur une intuition et sur une simple croyance ? Celle que l'on fait le bon choix. Parce que j'ai l'impression qu'il faut si souvent être pragmatique, savoir, être sûr, se projeter. Se tromper mais quand même, y avoir pensé, avoir préparé le coup. Il y a quelques semaines, quelques jours, hier, j'ai fait un choix. Je voudrais qu'on me laisse le temps de l'assumer et de faire corps avec. Je voudrais qu'on me laisse respirer. 

Et, finalement, je comprends petit à petit que cette logique n'est pas la bonne. C'est à moi de me laisser respirer, en me donnant un espace plus grand que celui que je laisse aux avis des autres dans mon esprit. En me faisant confiance.

Et je crois que c'est tout le défi que l'on se lance au fur et à mesure que l'on apprend à faire des choix, des petits d'abord et puis soudain des grands et puis de nouveau des petits. Se faire confiance. Savoir être à l'écoute, savoir entendre les conseils et les avis sans en trembler à chaque fois. S'enrichir de l'expérience et de la vision de l'autre sans tout chambouler d'un coup d'un seul, sans se persuader que l'autre sait mieux, qu'on aurait dû faire comme ça, qu'il a forcément raison et que l'on a forcément tort. Je n'ai pas encore tous les ingrédients de la recette mais je m'y emploie. J'essaie de transformer chaque petit tremblement en une expérience, en un exercice. 
Quelques ingrédients de réflexion...


Cultiver le positif
Se faire confiance, c'est une vaste notion, c'est une grande tâche. C'est surtout un apprentissage au quotidien. Un petit à petit, un pas après pas. 

Ici, quand le cœur est lourd et que j'ai l'esprit rempli de l'angoisse qu' a pu provoquer une discussion qui m'a poussée à me remettre en question un peu violemment, ou un coup de stress venu de l'intérieur, j'essaie d'abord de laisser passer l'émotion perturbatrice, de la ressentir physiquement plutôt que d'écouter les discours négatifs qu'elle peut me tenir puis de la laisser couler de ma tête jusqu'à mes pieds, pour qu'elle s'en aille. C'est comme une (très) modeste pratique méditative. Mais ça permet de faire le vide et prendre du recul par rapport à ce qui a pu s'échanger et par rapport à mes doutes agités. Ce n'est pas encore tout à fait un réflexe, du moins pas un réflexe immédiat, mais j'y viens de plus en plus et je ne peux que reconnaître les bien faits de cette pratique tirée de mes lectures sur la méditation. 

Se rasséréner également, pour le moment ça passe par me dire que j'ai confiance. Comme une méthode Coué, sans la rigidité numérique de celle-ci. Je me le dis à plusieurs reprises et j'essaie de me gonfler de ces paroles. L'exercice est tellement simple et basique qu'il me fait parfois un peu sourire mais au fond je sens que ça m'aide timidement à cultiver cette confiance. C'est un début. C'est également apprendre à être optimiste oui, apprendre à y croire. Apprendre à croire en soi. 
Savoir s'ouvrir à l'autre sereinement
Il s'agit aussi peut-être de ne pas redouter l'autre, de ne pas diaboliser sa parole, ne pas songer immédiatement que parce qu'il est en désaccord, ou émet un point de vue divergent, ses mots sont contre nous. Se laisser l'espace et le temps de décanter ce qui nous a été dit, pour faire l'expérience de l'enrichissement. Pour voir comment ce qui a été entendu peut enrichir notre propre réflexion et finalement consolider autrement notre choix.

Et ne pas oublier que partager avec l'autre, dire ce que l'on pense, c'est comme autant d'occasions d'affirmer son choix, de l'affirmer aussi auprès de soi et de cette petite voix qui veut toujours gâcher la fête. 
Le choix : vers l'expérience plutôt que vers le résultat
Et peut-être qu'il s'agit de désacraliser le choix en le libérant du poids du résultat, ne pas lui faire tomber dessus toute la pression des adjectifs bon ou mauvais. A nous de voir que chaque choix est une porte ouverte vers une expérience, à nous de saisir, petit à petit, tout le potentiel enrichissant de cette dernière, de le cultiver. De lui laisser la chance de nous apprendre quelque chose, sur le monde, les autres et sur nous-même. Je crois que c'est une des meilleures façons, pour moi, de ne pas avoir peur de l'avenir et de cultiver ma confiance. Après tout, l'aube, ce n'est que le début de la course du soleil. 

Et vous, comment cultivez-vous votre confiance ? En vos choix, en la vie aussi ? 
Est-ce que ce type de choix vous parle : oser faire un pas de côté, oser faire une pause pour regagner de la perspective ? 
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Lectures #1 | Le silence de mon père - Doan Bui

lundi 23 janvier 2017

Depuis début Janvier, j’ai retrouvé cette mordante envie de lecture. Ou plutôt, j’ai enfin pris le temps d’y répondre. Et ça fait un bien fou. L’envie m’a cueillie, prise au dépourvu. Des livres offerts à Noël et dévorés m’ont poussée à fureter le long des grands étalages fournis de la librairie à côté de chez moi.
J’ai finalement acheté un livre que j’avais repéré depuis plusieurs mois mais que la paresse et le temps perdu avaient gardé éloigné de ma bibliothèque. Le silence de mon père de l’écrivaine et journaliste Doan Bui. Je l’ai aimé, vraiment, il m’a marquée, aspirée, inspirée. Je me suis perdue dedans, j’ai trembloté d’émotions et mon esprit s’est ouvert, ouvert, ouvert. Je vous en parle aujourd’hui.

RESUME

Fille d’immigrés vietnamiens, la journaliste Doan Bui rédige ici une enquête, une quête de son propre passé. Suite à un AVC, son père a perdu l’usage de la parole et reste emmuré dans un silence troué seulement de quelques gargarismes incompréhensibles. Elle réalise alors que son père lui a échappé, et qu’à présent qu’il ne peut plus parler, elle a tellement de questions à lui poser.
Elle décide alors de combler les vides, de trouver des réponses en menant une enquête sur le passé de son père. Pour le trouver dans la mémoire qui s’enfuit, pour le retrouver. Elle remonte pas à pas, à tâtons, le fil de la vie de son père, en même temps qu’elle remonte celui de sa propre vie.
Doan Bui compose ici une autobiographie et une biographie par touches impressionnistes, pour livrer un récit bouleversant, à la fois si intime et si universel. C’est ce contraste qui m’a sans doute le plus saisie. On se voit à travers elle, on voit nos propres parents, le mystère de leur vie, de leur passé, à travers les siens.  Le livre raconte à quel point, lorsque nos parents ou nos proches nous quittent, on s’aperçoit qu’au fond, on ne les connait que de façon si incomplète. Parce qu’on n’a pas posé les questions, parce qu’on n’a pas voulu écouter, il ne reste qu’un goût d’inachevé. Si frustrant. Et c’est une thématique qui s’applique également si fortement aux personnes qui nous entourent à cet instant, pleines de vie. A quel point faisons-nous l’effort de les connaître toujours un peu plus au quotidien ? De nous intéresser à leurs rêves, à leurs drames, à leurs déceptions ? Ça a été le premier petit choc de cette lecture, la première ouverture. Prendre conscience, sans détour, de cette problématique que l’on enfouit un peu sous le coussin des habitudes, en se disant qu’on aura bien le temps. En prenant la vie pour acquise.
Mais Doan Bui esquisse également ici ce que signifie être enfant d’immigrés. Fille d’une mère et d’un père vietnamiens qui se sont installés en France suite aux affres de la guerre d’Indochine, elle nous parle de ce vécu éparpillé. De cette impression de vivre entre deux espaces en ayant, souvent, l’impression de n’appartenir à aucun des deux. Vouloir être française, vouloir devenir française alors qu’on est né en France, se le prouver, à soi et aux autres. Renier un pays lointain que l’on connaît si mal pour se réclamer d’un autre. Un autre qui, parfois, vous fait cependant vous sentir si étrangère, comme mise sur le banc. Le trouble identitaire. Ce reflet flou dans le miroir. Cette lecture m’a permis de me poser franchement ces questions, de penser peut-être de façon plus délicate et plus profonde à certains amis et connaissances qui sont eux aussi fils et filles d’immigrés. C’est une question et un sujet si actuels, je crois qu’il est important de se les poser aujourd’hui.
A tout cela, l’auteure mêle des morceaux de sa vie personnelle, intime. Toujours dans la sobriété et dans la pudeur mais avec une troublante et profonde sincérité.
C’est fort et c’est poignant. L’écriture toujours sensible sonne juste. J’ai pu à certains moments reprocher le sens du tragique donné aux faits réels mais finalement, je le comprends si bien. Une fille qui écrit sur son père aimé devenu muet ne peut être que frappée par la tragédie, par le drame, par l’intensité des souffrances qui se soulèvent. Et elle ne peut qu’imaginer son père, combler les trous au fur et à mesure que le passé et ses secrets se dévoilent.
Le rythme n’en demeure pas moins assez haletant puisqu’on retrouve bien ici le genre de l’enquête et parfois la concision journalistique.
Je vous le conseille, ardemment.
Avez-vous pu le lire, qu’en avez-vous pensé ? Est-ce que ce livre vous fait penser à d’autres écrits ?
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Le corps de l'autre

jeudi 19 janvier 2017

C’est toujours sa peau, tendue doucement le long de son corps chaud, de ce corps parfois si loin et parfois trop proche. C’est toujours la même peau. Celle que j’ai aimé embrasser, palper, calfeutrer, pincer. Seulement, depuis quelques temps, mon rapport au corps de l’amoureux a changé. Pourtant si à l’aise au début, je me retrouve à, parfois, me sentir gênée, à reprocher à son corps de ne pas être autrement. Je lui reproche de ne pas correspondre.
Et cette pensée me culpabilise, j’ai malgré moi un peu honte.
Le choc de s’apercevoir qu’à un instant, brièvement, sans prévenir, on voudrait que l’autre soit différent. Qu’il se façonne aux projections de notre propre esprit. Et ce corps pourtant beau, se retrouve accusé. Ce à quoi je me félicitais de ne pas être soumise m’atteint finalement par un autre bout : le dictat du corps.
Je n’ai jamais été réellement mal dans mon corps. Mal dans ma peau, ça oui, longtemps, souvent, encore. Mal avec mon visage, aussi, cette partie si étrange du corps, cet ersatz social et fascinant de ce que nous sommes, condensé en des traits qui nous définissent avant que les autres n’aient pu nous découvrir. Mais mal dans le reste de mon corps, vis à vis de mon corps, beaucoup moins. Je ne le trouve pas parfait, je le pousse, je voudrais parfois couper certains bouts, en rajouter, je voudrais le bousculer, si peu, mais au fond, je le tolère bien, on s’entend plutôt bien lui et moi. Je me suis récemment retrouvée à dire à quelqu’un : mon corps, je ne l’aime pas plus que je ne l’aime pas. Et c’est peut-être ça le problème.
L’air de rien, je le regarde, je le définis et je le compare. Je le compare à celui des autres femmes, aux autres imaginaires. A la façon dont les autres femmes se sentent dans leur corps. Je compare les corps, je compare ce qu’ils dégagent de la personne qui les investit. Je compare les féminités. Qu’est-ce que c’est être bien dans son corps finalement ? Dans son corps de femme ? Puis la question devient : cette autre femme ne dégage-t-elle pas quelque chose de plus, un infiniment plus ? Et je me sens comme mal dégrossie, je ressens mes os et mes muscles comme ceux d’une étrangère. Je me trouve gauche, le cœur comme parti à droite et l’esprit confus. Rarement pleinement à l’aise dans mes vêtements, brièvement satisfaite puis vite complexée de mes choix, de ce dont j’ai l’air. Ou, plus précisément, self-conscious comme disent les anglais. Consciente de moi-même. Les yeux ouverts sur mon corps, sur la façon dont il me véhicule. Ce me, ce moi si vaporeux et instable, que je définis si mal et qui m’échappe. Ce n’est pas tant que j’aimerais que mon corps soit différent, même s’il m’arrive parfois de le souhaiter, c’est plus que je ne sais pas toujours comment embrasser ce qu’il dégage de moi. Ni ce que je dégage à travers mon corps. Et cette problématique semble finement liée à celle d’embrasser qui je suis. A celle de ne pas me trouver moins bien. A celle de savoir exister par moi-même. Et alors qu’il ne s’agit au fond pourtant pas de correspondre à une définition de LA femme, surtout pas, parfois j’y tends. Je m’y trompe.
« On ne naît pas femme, on le devient ». Oui, d’accord… Une réflexion que j’approche entre autre comme : ne nous laissons pas construire par la société, construisons-nous par nous-même. Et qui m’amène à me dire, qu’au fond, il ne s’agit peut-être pas tant d’apprendre à se construire mais, plutôt, d’apprendre à se révéler. D’apprendre à se connaître. Est-ce qu’on devient soi-même ? Et si oui, comment ?
Moi pendant longtemps, je n’ai su fonctionner avec moi-même qu’à travers la comparaison aux autres. Et c’est encore tellement le cas. Pour beaucoup de choses, c’est aux autres femmes que je me compare. Leur façon d’être, qui devient aussi leur façon d’être bien dans leur corps. D’affirmer leurs choix, leur personnalité. Et c’est ce que j’appelle la féminité. Car même si les termes et la notion de genre, donc de féminité, sont largement bousculés et remis en question, nous sommes encore les produits de cette pensée que l’on tend à changer. Je m’y sens encore confrontée à cette notion de féminité. Et je me dis, mais si elle est à construire par soi-même cette féminité, cette façon d’être, est-ce que je la construis bien ? Est-ce que les autres ne la construisent pas mieux ? Qu’est-ce que je mets dans la recette ? Et si je dois apprendre à me connaître, en attendant d’y parvenir, je suis qui ?
Puis, je m’aperçois qu’en cherchant mes repères sur ma personne d’un côté, j’affirme de l’autre ceux dont a pu me gaver sur comment est censé être autrui. Cet autre, ce compagnon. Et la question du corps revient. A quoi son corps d’homme est censé ressembler. Il doit être musclé, parce que c’est un corps d’homme. Il doit être solide, parce que c’est un corps d’homme. Il doit être fort, parce que c’est un corps d’homme. Sournoisement, une partie de moi le confronte à une représentation achétypée de la virilité. En bousculant d’un côté les idées pour mieux me réaliser, j’essaie de bâtir un cadre rassurant de l’autre. Essayant de lâcher prise quant aux exigences infusées pendant des années à mon subconscient, je m’agrippe à celles le concernant. Je m’agrippe aux concepts. Je me crispe, je compare, je rejette. Si je ne me reconnais pas encore très bien alors l’autre, en contre partie, doit être un repère sans faille. Il doit correspondre à l’idée qu’on se fait d’un compagnon. Alors je soumets le corps aimé aux dictats. Par un effet miroir, je lui impose ce dont je peine à me libérer.
Le corps de l’autre semble devenir le bouc-émissaire de ma quête de personnelle.

Alors... quelques pistes pour cheminer

Peut-être s’agit-il d’accepter de passer par ce questionnement, par cette remise en question. Ne pas être dans le rejet de ce qu’il peut se passer à l’intérieur de nous. Ne pas non plus s’accrocher aux sensations contradictoires. Elles ne sont qu’impressions et sensations. Je respire et je me dis qu’au fond, ce n’est encore que l’occasion d’apprendre à mieux se connaître. Et qu’en ne me crispant pas, je n’en fais pas un problème.
Le dialogue aussi, toujours. S’autoriser à en parler avec cette belle personne qui investit ce corps quelque peu maltraité par mes pensées.
Avoir conscience que ce n’est pas tant le corps de l’autre le problème, que ce n’est pas l’autre mais qu’il s’agit plutôt d’une problématique liée à nous-même.
Et cheminer toujours, apprendre sur nous-même, même sur ce qui ne nous fait pas toujours plaisir. Même sur ces choses dont on pensait être au-dessus, comme on dit, mais que l’on découvre, un peu honteusement, quand même cachées quelque part. Réaliser que l’on intègre et ingère des schémas de pensée bien plus qu’on ne le souhaiterais… tout ça pour mieux s’en délester. 
Se donner l’espace pour se découvrir, faire l’expérience de la découverte.
Je ne voulais pas écrire cet article avant d’avoir pu prendre du recul mais je crois que c’est de l’écrire qui me permet, finalement, d’en prendre d’avantage. L’idée aussi de partager ses pensées avec vous…

ET VOUS, EST-CE QUE TOUT CELA VOUS PARLE ?

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